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24 juillet 2020 5 24 /07 /juillet /2020 22:53

 

L’IGNORANCE MALIGNE

» Je n’ai compté, dans tout notre quartier, 

» Disoit Nicaise, à sa femme Isabelle,

» qu’un seul mari dont l’honneur soit entier. »

» Quel est-il donc, lui répartit la Belle ?

» Jusques à moi, son nom n’est pas venu.

» -Tu le connois cependant ! Moi ! dit-elle !

» J’ai beau chercher, il ne m’est pas connu. »

 

                                    Par M. François DE NEUFCHATEAU.

 

Ce texte est extrait de L’Almanach Des Muses pour 1776,  A PARIS Chez Delalain, Librairie de la Comédie Françoise - page 13.

 

L’auteur en est vraisemblablement ce Nicolas – François de NEUFCHATEAU dont le nom est resté dans l’histoire pour la place qu’il a occupée en politique à l’époque révolutionnaire puis du temps de Napoléon.

Son premier recueil poétique, très précoce puisque, comme on le voit dans les liens ci-dessous, il date de 1765 donne du corps à cette hypothèse.

 

Voici quelques liens le concernant :

 

Bibliographique :

Sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Fran%C3%A7ois_de_Neufch%C3%A2teau

Le Fonds François de NEUFCHATEAU : https://francearchives.fr/findingaid/bf24b514073a2252251a51575ce90cc8afb5d1f1

Et

https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/pdfIR.action?irId=FRAN_IR_000636

 

Ailleurs :

Biographie « intellectuelle », téléchargeable : https://journals.openedition.org/ahrf/11015

Article sur son action économique (Révolution) : https://www.persee.fr/docAsPDF/jds_0021-8103_1966_num_4_1_1141.pdf

 

Concernant ses œuvres :

Sur Gallica/BNF :

https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&query=%28gallica%20all%20%22Fran%C3%A7ois%20de%20NEUFCHATEAU%22%29%20and%20dc.type%20all%20%22monographie%22&lang=fr&suggest=0#resultat-id-3

 

Et parmi ses écrits « politiques », cette fable « révolutionnaire » : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k490557/f3.image.r=Fran%C3%A7ois%20de%20NEUFCHATEAU

 

 

                                                           ***

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20 juillet 2020 1 20 /07 /juillet /2020 15:50

 

INPROMPTU

A Madame de **, qui craignoit de mourir,

 

Rassurez-vous : la Reine de Cythère,

Craignant le tort que, dans les cieux,

Votre beauté pourroit un jour lui faire,

Veut, s’il se peut, vous dérober aux Dieux,

En vous laissant à jamais sur la terre.

 

                                                                                                              Par M. MAYET.

 

Ce texte est extrait de L’Almanach Des Muses pour 1776,  A PARIS Chez Delalain, Librairie de la Comédie Françoise - page 71.

 

Quant à l’auteur pourrait-il s’agir de Jean Marie Félix MAYET (1751-1835) ?

dont on trouve trace d’une part

sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Marie_F%C3%A9lix_Mayet

et d’autre part

à la BNF/Gallica via l’ouvrage de Jules GENDRY : Pie VI, sa vie, son pontificat (1777-1799) – Tome 2 - 1906: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75913f/f241.item.r=Jean%20Marie%20F%C3%A9lix%20MAYET

 

Le portrait de ce personnage qui figure sur Wikipédia montre qu’il s’agissait d’un ecclésiastique, et la note du texte de Jules GENDRY faisant référence à des secours apportés en 1794 à un Jean-Marie-Félix MAYET, 45 ans (si la date de naissance de 1751 est exacte notre homme n’aurait eu en fait que 43 ans) curé de Rochetaille près de Lyon (aujourd’hui Rochetaillée-sur-Saône), il a paru logique de l’associer au MAYET de l’illustration,  député à la Constituante de 1789 pour la sénéchaussée de LYON.

 

Sur la question de la date de naissance c’est également 1751 que l’on retrouve dans un autre document sur Gallica/BNF, le catalogue des lyonnais dignes de mémoire/rédigé par MM.  Bréghot Du Lut et Péricaud aîné – Société Littéraire de Lyon - 1839: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5819010c/f196.item.r=Jean%20Marie%20F%C3%A9lix%20MAYET

 

A l’encontre de cette hypothétique paternité, la nature de ce poème adressé à une jeune ( ?) femme noble et l’âge de notre supposé auteur à cette époque : 25 ans, à cette date s’il n’était peut-être plus en formation (une formation pour devenir prêtre beaucoup plus longue que ce qu’elle était au XVIe siècle voir : https://halshs.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/600543/filename/NoguA_s_La_formation_religieuse_au_XVIIIe_siA_cle.pdf ) il pouvait avoir commencé l’exercice prenant de son ministère.

                                                                           ***

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20 juillet 2020 1 20 /07 /juillet /2020 15:43

 

LA CONSOLATION

FABLE

 

Un malheureux, réduit au désespoir,

et, faute de chaussure étendu sur la terre,

s’écrioit, hélas ! peut-on voir

un pareil excès de misère ?

lors, par hasard, au milieu du chemin,

il aperçoit un homme hors d’haleine :

que dis-je ? homme ! c’étoit une moitié d’humain,

un tronc vivant qui se trainoit à peine ;

c’étoit un cul-de-jatte enfin,

lequel, voyant cet autre et le trouvant ingambe,

lui dit : ami, sois sage, et croi

qu’il est des gens plus à plaindre que toi :

tu n’as pas de souliers : moi, je n’ai pas de jambes.

 

                                               Par M. SELIS.

 

 

 

Ce texte est extrait de L’Almanach Des Muses pour 1776,  A PARIS Chez Delalain, Librairie de la Comédie Françoise - page 10.

 

L’auteur, « M. SELIS »,  pourrait être Nicolas-Joseph SELIS (1737-1802).

 

Voici ci-dessous le seul lien biographique que j’aie trouvé concernant ce personnage:

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas-Joseph_S%C3%A9lis

 

Le site Gallica/BNF offre le lien suivant vers certaines de ses oeuvres :

 

https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&query=%28gallica%20all%20%22Nicolas-Joseph%20SELIS%22%29%20and%20dc.type%20all%20%22monographie%22&lang=fr&suggest=0

 

                                                                                 ***

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1 juin 2020 1 01 /06 /juin /2020 16:22

 

Toi qui longe la haie ombreuse du verger

Près de l’Hermès debout au coude de la route,

Je t’en adjure, arrête un moment et m’écoute,

Car voici mon souhait suppliant, étranger !

 

Un soir de clair de lune amène vers mon Ombre

Un troupeau de brebis bêlant et son berger ;

Que le pâtre s’appuie au tombeau pour songer

A ceux qui sont partis dans l’Hadès trois fois sombre.

 

Qu’il chante au souvenir de l’amour, que sa voix

S’élève solitaire et pure, au gré des doigts

Sur sa flûte alternant notes longues et brèves.

 

Et que j’entende, au jeu de la tige de buis,

Sangloter longuement vers le plus doux des rêves

L’âme mélancolique et tendre de la nuit.

 

                               ***

 

Ce texte (qui figure, à l’origine, dans le volume La Lumière d’Hellas – Editions du Beffroi) est extrait de l’ouvrage Les Plus Jolis Vers De L’Année 1913 – Choix par Alphonse Séché – Société des Editions LOUIS-MICHAUD – P. 42.

Voici quelques liens concernant cet auteur.

Bibliographie.

Sur Wikipédia très peu de choses : https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Bocquet

https://www.babelio.com/prix-babelio

La notice de l’Académie Française : http://www.academie-francaise.fr/leon-bocquet

Léon BOCQUET et la Grande Guerre, article téléchargeable sur CARNETS, Revue électronique d’Etudes Françaises: https://journals.openedition.org/carnets/438

Même sujet sur CAIRN.INFO (téléchargeable): https://www.cairn.info/revue-nord-2014-2-page-143.htm#

Ailleurs : https://www.lavoixdunord.fr/art/region/wicres-leon-bocquet-poete-marquillois-homme-de-ia21b49776n2960821

Œuvres.

La notice de la BNF : https://data.bnf.fr/fr/13091351/leon_bocquet/

 

                                                                                              ***

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1 juin 2020 1 01 /06 /juin /2020 13:11

 

A titre documentaire on reproduit ci-dessous un extrait de l’ouvrage Les Poètes du Clocher de Charles FUSTER que publiait La Revue de France n°26 du 28 septembre 1889- P. 409-411.

Il comporte quelques textes  et plus de pittoresque que d'éléments biographiques concernant ces « poètes de l’Alsace » perdue en 1870.

 

Liens concernant cet ouvrage :

Un article de Charles FUSTER dans la  Revue pédagogique Année 1893 23-2 pp. 105-124   (téléchargeable) : https://education.persee.fr/doc/revpe_2021-4111_1893_num_23_2_3575

Un mot sur Charles FUSTER : https://www.auteurs-et-livres-anciens.com/fuster-charles-1866-1929.php

 

                                                                                         ***

 

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28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 14:11

 

D’eviter Oisiveté.

[Rondeau XIII]

 

PLUS QUE POISON fuyez le dur meschef

D’oisiveté : car c’est la porte et clef

De tous pechez, sans en excepter ung.

Ainsi le dit feu Maistre Jehan de Meung.

En son vivant des Poètes le chef.

 

Dames portant atours ou couvrechief,

Si vous voulez d’honneur venir à chef,

Dechassez la : car ce vous est aigrun[1]

Plus que poison.

Coomme les vens singlans en voille et tref[2]

Font nauffraiger souvent la pouvre nef,

Oisiveté a vent tant importun

Que s’elle attainct les membres de quelq[‘]un,

Percluz les rend par un coup rude et grief

Plus que poison.

                              

                               ***

 

De Patience.

[Rondeau XX]

 

AINSI QUE JOB, la Princesse ou regente

Contre tout mal doit estre patiente,

Rememorant comment JESUS pour elle

Souffrit la mort : voire mort tant cruelle

Qu’oncques n’en fut de si tresvehemente.

 

Souffrant douleurs, dye par bonne entente,

Mon Dieu, apres obscurité dolente

J’espoire avoir ta lumiere éternelle

Ainsi que Job.

Si désespoir quelques fois te tormente,

Dieu remercye, et de luy te contente

Sans jamais perdre Esperance la belle.

S’ainsi tu faiz, après vië mortelle

Pour ung seul mal tu auras de biens trente,

Ainsi que Job.

 

                               ***

 

Ces textes sont tirés de l’ouvrage : LE RECUEIL JEHAN MAROT DE CAEN, POETE ET ESCRIPVAIN de la magnanime Royne Anne de Bretaigne, et depuis Valet de chambre du Treschrestien Roy François premier de ce nom

Page 12  et 16 dans LES DEUX RECUEILS – Jehan MAROT – Edition critique par Gérard DEFAUX et Thierry MANTOVANI – DROZ - 1999.

                               ***

Voici quelques liens concernant cet auteur.

Biographie :

Sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Marot_(po%C3%A8te)

Sur d’autres sites : http://www.cosmovisions.com/Marot.htm

dont un article (payant mais la 1ère page est gratuite…) : https://www.jstor.org/stable/41610192?seq=1

une notice sur Arlima : https://www.arlima.net/il/jean_marot.html

 

Œuvres :

Sur Shortédition :  https://short-edition.com/fr/classique/jean-marot

Sur poesie.webnet : https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/jean_marot

Sur Gallica/BnF :

Le Recueil des Œuvres de Jehan Marot MDXXXVII (1537): https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86095640.r=Jehan%20MAROT?rk=21459;2

LE RECUEIL JEHAN MAROT DE CAEN, POETE ET ESCRIPVAIN de la magnanime Royne Anne de Bretaigne, et depuis Valet de chambre du Treschrestien Roy François premier de ce nom :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k708714/f4.image.r=Jehan%20MAROT     et

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70795v.r=Jehan%20MAROT?rk=42918;4

 

                                                                                              ***

 

[1] Aigrun : substance aigre, acide, âcre, nuisible (langage médical) – Glossaire de l’ouvrage cité.

[2] Tref : vergue  – Glossaire de l’ouvrage cité.

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17 avril 2020 5 17 /04 /avril /2020 16:03

 

Blason

 

D’azur au corsaire d’étoiles

chargé d’une chimère d’or

mouvant de la bande aux escales

ondé d’amour frangé de mort

 

Accosté de quatre cotices

deux d’enfer deux de Béatrice

crénelé d’une tour du vent

semé d’un goéland passant

 

Flottant sur une mer du même

sous la fasce d’un astre blême

brochant sur le tout ses amures

ajourées de sable et d’azur

 

En pointe Orion vers l’abîme

arraché d’un songe d’hermine

où dans un ciel de Chandeleur

monte un enfant nimbé de pleurs

 

A dextre où l’écume le cingle

un cœur tiré à quatre épingles

à senestre au chef de la tour

un ange écartelé d’amour.

 

***

 

Unique au Monde

 

Enfant, tu es porté dans les bras d’une aïeule

le feu brûle et sur le parquet les flammes tremblent

ta vie est de l’abîme une lumière blanche

qui va vers les berceaux de la mort, toute seule.

 

Les mille et une nuits de l’enfance endormie

dans le chuchotement au-dessus du sommeil,

tintement de doux objets dans des mains amies,

quand bleuit la veilleuse aux confins du réveil.

 

Le cri de la souffrance ouvre ta vie chétive

comme un appel d’oiseau du paradis perdu

comme le cri mortel d’un chérubin déçu

où la douleur naissante est une source vive.

 

Œil d’agate impassible, où se mirent les cieux

enfance unique au monde, enfance lucifère,

n’es-tu pas, inconnue au péril de la terre

une pierre jetée dans le jardin de Dieu.

 

                               ***

Ces textes sont tirés de l’ouvrage Deuxième Recueil de Poèmes – Editions de la Table Ronde – Rennes – 1942 – P. 15-16  pour Blason, P. 23 pour Unique au Monde (Note : l’absence de majuscules au début des vers, excepté au premier de chaque strophe, reproduit le parti-pris typographique d’origine.)

Ci-dessous, reprenant les données d’un précédent article de ce blog (http://poetesinconnus.over-blog.com/preview/b536eb84979185c65186700606e1e0ced2d69393 ) , voici quelques liens concernant cet auteur.

 

Biographie :

Sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ophile_Briant

Détaillé et téléchargeable : http://www.latourduvent.org/QuiEtaitTheoBriant.pdf

Sur BnF avec la liste de ses œuvres (non numérisées) : https://data.bnf.fr/fr/11893995/theophile_briant/

Courte biographie et 1 poème : https://www.wikipoemes.com/poemes/theophile-briant/biographie-index.php

Un ouvrage sur SAINT POL ROUX et Théophile BRIANT : https://books.openedition.org/pur/38179?lang=fr

                                                                               ***

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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 14:39

 

Les chemins creux pleins d’ombre, entre les noisetiers,

Sont chers aux papillons, grands rôdeurs de sentiers,

Mendiants de parfums et pilleurs de corolles ;

Et les petits enfants, grands diseurs de paroles,

Dont la gaieté bruyante interdit les grillons,

Parfois, las de soleil, comme les papillons,

Vont cherchant la fraîcheur des chemins creux pleins d’ombre,

Là, des rayons perdus trouant la voûte sombre

Que forment les rameaux autour des troncs nerveux,

Illuminent leurs fronts et dorent leurs cheveux ;

Là, le sol est plus doux sous les mousses légères ;

En quête d’une source, à l’abri des fougères,

La souple demoiselle, au vol éblouissant,

De ses ailes d’azur les effleure en passant.

En secouant sur eux la neige de ses branches,

L’églantier, dans leur cou, glisse des roses blanches.

Donc, un jour de soleil, en se donnant la main,

Lucette et Jan suivaient ensemble un vieux chemin.

 

Comme l’oiseau chantant dans le foin des prairies,

L’abeille bourdonnant le long des closeries

Et le ruisseau qui jase au gré de son parcours,

Il faut que les enfants se tiennent des discours

Mystérieux et lents,-quand ce qu’ils ont à dire

Tiendrait dans une larme ou bien dans un sourire !

Ainsi Lucette et Jan, entre les noisetiers,

Mêlaient leur bavardage aux rumeurs des sentiers,

Admirant les moissons sans en chercher les causes ;

Ainsi Lucette et Jan jasaient de toutes choses,

Enivrés tous les deux de jeunesse et d’été ;

Penseurs peu soucieux de la réalité,

Ils se laissaient aller aux mirages du rêve,

Et, n’imaginant point que l’existence est brève,

Il disaient, pleins d’audace : « Oh ! quand nous serons grands ! »

Songes de voyageurs, désirs de conquérants,

Dans les petits cerveaux s’en viennent à la ronde

Et les jeunes esprits s’emparent du vieux monde.

 

« Bientôt, s’écriait Jan, je serai matelot ;

La pêche sera bonne et je vendrai mon lot

Pour acheter un brick ! - Je serai capitaine…

J’irai chercher fortune à la rive lointaine

Qu’on dit être là-bas, derrière l’horizon,

Et quand je reviendrai dans ma pauvre maison,

O Lucette, j’aurai des sous plein ma ceinture !

Hissant les pavillons en haut de la mâture,

Alors j’inviterai pour fêter mon retour

Les parents, les voisins, les amis d’alentour,

Et toi, bien entendu, tu seras de la fête.

Ah ! mais oui, j’ai beaucoup de projets dans la tête !

 

Le prêtre, au catéchisme, a dit que ce qu’on veut,

Ce qu’on veut fermement, ô Lucette, on le peut :

Eh bien, je veux encore un trois-mâts plein de voiles,

Dont les fanaux, le soir, sembleront des étoiles ;

Et, comme un souvenir du pays bien aimé

Où fleurit la bruyère à chaque nouveau mai,

Sa coque sera verte avec un liston rose.

Si le bon Dieu bénit nos souhaits, - et si j’ose,

J’aurai d’autres trois-mâts, d’autres bricks… Je ferai

Des voyages sans nombre et je rapporterai

Plus d’argent dans mes mains et plus d’or dans mes poches

Qu’il ne faut de métal pour fondre un cent de cloches ;

Et tu seras ma femme… Ah ! ce sera flatteur,

Lucette, d’épouser Monsieur Jan, l’armateur !

Je te ferai cadeau, retiens bien ma promesse,

D’une croix toute neuve et d’un livre de messe,

Et quand nous serons vieux, je vendrai mes bateaux

Pour avoir des labours, des bois et des châteaux.

Pour avoir… »

                               Mais voici qu’au travers du feuillage

La mer, où des canaux sommeillaient au mouillage,

Apparut scintillante et prolongeant les cieux.

Et l’enfant, tout à coup, devint silencieux,

Car autour des récifs battus par la marée

Les vagues se brisaient en poussière nacrée,

Formant ces blancs remous que les marins bretons,

Bergers de l’Océan, appellent des moutons.

Jan, dans les flots lointains, sentit sombrer sa joie :

« A quoi bon m’enrichir, fit-il, si je me noie ? »

Mais Lucette ayant foi dans son rêve charmant,

Lucette l’embrassa… puis, très naïvement,

Répondit, en pensant à sa belle croix neuve :

« S’il t’arrive malheur, moi je serai ta veuve ! »

 

                               ***

 

Ce texte a paru dans La revue de France et Samedi Revue réunies en 1890 (je ne possède malheureusement plus les références complètes de cette publication).

 

Voici quelques liens concernant cet auteur.

 

Biographie :

 

Dans Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_Le_Mou%C3%ABl

Et sur wikimanche : https://www.wikimanche.fr/Eug%C3%A8ne_Le_Mou%C3%ABl

La notice de l’Académie Française le concernant : http://www.academie-francaise.fr/node/15205

Autres sites : https://cherbourg.maville.com/actu/actudet_-villedieu-les-poeles.-eugene-le-mouel-litterateur-et-affichiste-sourdin_dep-3706005_actu.Htm

 

Œuvres :

 

Sur BnF : https://data.bnf.fr/fr/12738100/eugene_le_mouel/

Dont les poèmes de Fleurs de Blé Noir numérisé : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200948k

Sur Wikisource : https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Eug%C3%A8ne_Le_Mou%C3%ABl

Sur short édition un poème : https://short-edition.com/fr/classique/eugene-le-mouel/a-la-sainte-martyre-et-vierge

Sur Toute la poésie et poésie webnet, le même poème : http://www.toutelapoesie.com/poemes.html/poesie/a-la-sainte-martyre-et-vierge

https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/eug%C3%A8ne_le_mou%C3%ABl

Des illustrations de Le Mouel : http://www.topfferiana.fr/category/dessinateurs/le-mouel/

Et : https://www.2dgalleries.com/art/le-mouel-le-petard-ou-les-mechants-larbins-21826

Une curiosité à propos d’un de ses titres : Une pension en aérobus : https://archeosf.blogspot.com/2012/07/eugene-le-mouel-une-pension-en-aerobus.html

 

                                                                                              ***

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 15:15

 

Sur la grande route, en longues files,

La route droite et plate[1] qui n’en finit plus,

Les ormeaux, soldats immobiles,

Veillent des deux côtés, debout sur les talus.

 

Faction rude et monotone :

En hiver tenir tête à l’assaut des vents froids ;

Plier sous l’averse en automne ;

L’été, se dessécher sous des rayons trop droits !

 

Tout leur feuillage est en guenilles ;

Ils ont dans leurs cheveux mille débris mêlés,

De la fange jusqu’aux chevilles

Et des tas de cailloux sous les pieds empilés.

 

Quel milieu ! Pas de causerie

Avec de bons voisins comme dans les bois verts,

Pas un murmure d’eau qui rie,

Et toujours, dans le flanc, le bec dur des piverts !

 

Que de souffrance ! Et pourquoi faire ?

Pour jeter un bout d’ombre à des troupiers suants,

A quelque ânon lassé de braire,

Pour garer de la pluie un convoi de truands !

 

Tous des ingrats, l’homme, la bête,

Qui, voyant défiler leurs protecteurs poudreux,

N’agitent qu’une idée en tête,

Celle de n’en plus voir, les trouvant trop nombreux !

 

Ah ! que les grands ormeaux s’ennuient !

Quels longs étirements, sous le poids du soleil,

Vers les beaux oiseaux qui les fuient !

Quels bâillements affreux dans les nuits sans sommeil !

 

Ils en demeurent tout difformes ;

Et rien n’est, sur le soir, formidable et hideux,

Comme les grimaces énormes

De leur profils blessés dans la rougeur des cieux,

 

A l’heure où tous ces géants sombres

Semblent se mettre en marche et, de leurs bras tordus,

Fouiller l’amas croissant des ombres

Comme pour y saisir les passants éperdus,

 

Et roulant, dans leur cime opaque

Dès qu’ils entendent fuir, tout blême et trébuchant,

Quelque gamin dont la dent claque,

Un ricanement brusque, envieux et méchant !

 

                               ***

Ce texte a paru dans La revue de France et Samedi Revue réunies en 1890 (je ne possède malheureusement plus les références complètes de cette publication).

Voici quelques liens concernant cet auteur.

 

Biographie :

Sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Lafenestre

Sur Persée : https://www.persee.fr/doc/inrp_0298-5632_1988_ant_3_1_6121

A toutes fins utiles (documentation pour les chercheurs) : https://www.idref.fr/033767599

Classiques GARNIER, un article (payant) : https://classiques-garnier.com/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-3-2019-119e-annee-n-3-varia-georges-lafenestre-le-poete-conservateur.html

Sur d’autres sites : http://www.medias19.org/index.php?id=20267

 

Œuvres :

Sur BNF : https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/12459879/te/page1

Dont l’unique volume de vers numérisé : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6344189c

Sur Wikisource :  https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Georges_Lafenestre

Sur Persée : https://www.persee.fr/authority/247772

Sur d’autres sites : https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/georges_lafenestre

 

                                                                                              ***

 

[1] La personne qui possédait ce volume relié de « La Revue de France » apposa une note au crayon où elle relevait le caractère irrégulier de l’alexandrin et proposait la correction suivante : « La route droite et plate ET qui n’en finit plus »…

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3 avril 2020 5 03 /04 /avril /2020 15:35

 

Sur la pierre où François reçut le sceau divin

Les moines vont prier le soir et le matin.

 

Or, en hiver, un soir où les clameurs funèbres

De la foudre et des vents déchiraient les ténèbres,

 

Aucun moine, au couvent, ne s’était hasardé

A contourner le pic du rocher dénudé.

 

Et tous étaient plongés dans une angoisse extrême,

Car, pour eux, négligence était pêché suprême.

 

Mais tout fut réparé, car les oiseaux des bois,

Ceux qui, lorsqu’ils voyaient venir jadis François,

 

Voletaient sur sa tête avec un grand bruit d’ailes,

Puis se pressaient autour, recueillis et fidèles,

 

Ceux qu’il prêcha souvent, et qu’il appelait :

« Ma sœur Mésange » ou bien : « Mon frère Roitelet »,

 

Firent procession, et, malgré la tempête,

Sur la pierre du saint célébrèrent la fête.

 

Et puis, quand vînt le jour et tomba le grand vent,

Les moines sont sortis en tremblant du couvent.

 

Ils ont vu des petits pieds d’oiseaux dans la neige

Indiquant le chemin suivi par le cortège.

 

                               ***

 

Ce texte a paru dans La revue de France et Samedi Revue réunies en 1890 (je ne possède malheureusement plus les références complètes de cette publication).

 

Cet article complète un précédent article sur cet auteur, article dans lequel figurent quelques liens le concernant : http://poetesinconnus.over-blog.com/2020/03/le-rosaire-emile-vitta-18661954.html

 

                                                                                              ***

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